À MES TANTES,

Publié le 06/05/2025 | Le Billet de Valérie Dietrich

Quand au moment de la préparation de ce numéro Lucie nous a invités à nous questionner sur l’hospitalité, j’ai immédiatement pensé à mes tantes.

Issue d’une grande famille du côté de ma mère, j’ai huit tantes (dont deux par alliance) qui vivent presque toutes dans un même périmètre. Mieux encore, les maisons de trois d’entre elles bordent un chemin privé, une impasse, sur laquelle mon frère, mes nombreux cousins et moi avons joué chaque week-end et chaque vacances pendant notre jeunesse.
Ce chemin, on le dévalait à vélo ou à patins à roulettes. On jouait dans les cabanes de jardin. On posait des tentes dans l’herbe. On se racontait des histoires, on imaginait, on se chamaillait, on riait.

Je me souviens de nos courses effrénées pendant nos nombreuses parties de cache-cache. Le cœur battant, planquée derrière un buisson, dans un établi ou une buanderie en attendant d’être trouvée. Les portes de toutes les maisons étaient ouvertes, du matin au soir. On débarquait chez mes tantes, sans sonner, pour dire bonjour ou demander un verre d’eau, et on repartait toujours avec une part de gâteau. Mes tantes veillaient, nous protégeaient, et parfois nous grondaient quand on piétinait leurs massifs de fleurs ou que les cris de nos jeux les empêchaient d’écouter la série qu’elles regardaient en repassant leur linge.

De nombreuses années plus tard, c’est ma fille et sa cousine qui dévalaient le chemin à trottinette ou à roller. Qui jouaient à cache-cache, qui peignaient, qui bricolaient. Et même si le chemin était beaucoup moins fréquenté, que mes tantes étaient beaucoup plus âgées, les portes étaient toujours ouvertes. Quant à leur tour, ma fille et sa cousine rentraient dans les maisons, elles en ressortaient toujours avec une petite
tablette de chocolat ou des fruits du jardin en guise de butin.

Aujourd’hui mes tantes sont âgées, certaines n’arrivent plus à sortir de chez elles, d’autres nous quittent, parfois subitement. Et moi je pleure ces moments d’allégresse, sur ce chemin, et dans ces maisons où nous étions toujours les bienvenus.

À Jeanne, Frida, Barbe, Élise, Lise, Michele, Christiane, Maggie et bien sûr maman.

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