ÉLOGE DE LA FARCE
Publié le 23/02/2023 | Grand angle

À l’heure du poisson d’avril, nous avons décidé de suivre les traces de l’esprit facétieux qui ricane après une bonne blague. Paul Eluard racontait : « quand nous rions, nous nous vidons et le vent passe en nous ». Ça tombe bien, il fait moins froid : ouvrons grand nos fenêtres !
DE TOUT TEMPS, ON SE MOQUE
Comment une farce est devenue une tradition ? Il faut croire que les pitres aussi ont écrit l’Histoire.
L’emploi du terme « poisson d’avril » pour désigner une « tromperie, mystification traditionnelle du 1er avril » n’est attesté qu’au XVIIe siècle : sa plus ancienne occurrence connue se trouve dans La Vie de Charles V, duc de Lorraine de Jean de Labrune, daté de 1691. L’expression entre dans le Dictionnaire de l’Académie française en 1718 par l’intermédiaire de la locution « donner un poisson d’avril » qui signifie « obliger quelqu’un à faire quelque démarche inutile pour avoir lieu de se moquer de lui ».
Cependant, la tradition festive des farces et autres plaisanteries existe dans plusieurs cultures depuis l’Antiquité et le Moyen Âge, en particulier dans la Rome antique. En effet, les Romains fêtaient chaque 25 mars l’Hilaria (oui, comme « hilarant »), une fête religieuse placée sous le signe de l’équinoxe de printemps. Il était alors coutume de faire des farces et des satires au cours de défilés costumés en l’honneur d’Attis et Cybèle.
Faire de la bouffonnerie une tradition, c’était aussi le cas lors de la Fête des Fous, à la réputation mitigée. Fin décembre, les ecclésiastes élisaient le pape des fous, l’évêque-fou ou l’abbé-fou et s’adonnaient à toutes sortes de grivoiseries : masqués et travestis de la manière la plus folle, ils dansaient en entrant dans le choeur et chantaient des chansons osbcènes, jusqu’à ce que Richelieu y mette un terme quelques siècles plus tard. On l’appelait aussi fête de l’âne (en honneur à l’âne qui porta Jésus lors de son entrée à Jérusalem), fête des Diacres-Saouls, des Cornards… ou encore fête des Libertés de décembre – un nom qui en dit long.
LA FARCE INTERNATIONALE
S’il y a des types d’humour particuliers à certaines cultures (on pense notamment à l’humour anglais), la farce, elle, semble être de toutes les identités, comme un petit ciment humain. Micro-tour d’horizon.
En Russie, dans les premiers jours chauds (qui commencent approximativement au début du mois d’avril), les anciens Slaves sortaient pour « effrayer » l’hiver. Ils s’habillaient de peaux d’animaux, portaient des masques et mettaient en scène des présentations bruyantes accompagnées de rires.
En Écosse, depuis le XVIIIe siècle, peut-être même avant, Gowk Day était, pour des générations d’écossais, une journée de farces, de blagues et de courses-poursuites échevelées. Le « Gowk » est en Scots (langague des Lowlands) mais également un mot familier pour un imbécile. Le mauvais tour consiste principalement ce jour-là à envoyer quelqu’un remplir une mission absurde, comme par exemple aller acheter de l’huile de coude en pharmacie.
En Inde, c’est la fête des couleurs : la Holi. Elle célèbre avec force faste, farces et attrapes, l’arrivée du printemps. Ce jour-là, femme, homme, pauvre et riche sont égaux. Chacun s’approvisionne en munitions chromatiques – ballons remplis d’eau colorée et poudre teintée appelée gulal. Le jour J, dans les rues, tout le monde s’asperge de couleurs, et des équipes arrêtent même les bus ou les rickshaw pour lancer des couleurs sur les passagers.
DANS LES MÉTIERS
Chez les menuisiers, on envoyait l’apprenti chercher « la varlope à renfler le bois », le «rabot à dents » ou «la mèche à trous carrés » ; chez les typographes, l’apprenti réclamait par tout l’atelier « la pierre à aiguiser le composteur ». Dans les casernes, il se trouvait toujours quelque naïf qu’on envoyait au bureau du chef demander « la corde à couper le vent » ou « la clef du champ des manœuvres ».
Mais encore

Enfants, nous rêvons de nous asseoir ou de faire la sieste sur eux. Allongés dans l’herbe, nous cherchons des formes…
CHEVAUCHER LES NUAGES

Glaner, c’est être hors cadre, même dans un champ. Le glanage, c’est une forme de résistance, vous le lirez. Ce…
DEBOUT LES GLANEURS DE LA TERRE

L’ère du gaspillage est abolie ! Vous voulez réaliser des paquets cadeaux réussis ? Pour emballer de beaux habits, des…
TUTO FUROSHIKI

Haut les masques et bal de couleurs, souvent synonyme de chars et de confettis, sa majesté Carnaval est avant tout…
Sa Majesté Carnaval

Obstinément, la terre tourne autour du soleil et l’hiver touche terre. La nature se cache, protège les germes. La saison…
ÉCLATS D’HIVER

Sortir… S’aérer l’esprit et le corps, profiter de ce décor à couper le souffle que nous offre notre belle région…
SPÉCIAL NEIGE

Pour les amoureux d’Histoire et d’Archéologie… – Accompagnés d’adultes – Le Haut-Koenigsbourg ouvre les portes de sa forteresse pour une…
Le Haut-Koenigsbourg, trésors insoupçonnés…

On ne le répétera plus, l’enfant grandit et apprend en jouant. C’est par le jeu qu’il assimile des règles, comprend…
C’EST UN JEU D’ENFANT

Nouvelle année record pour le Parc Animalier en 2017 avec 328 000 visiteurs ! En progression constante, Sainte-Croix a doublé le nombre…
Parc Animalier de Sainte-Croix 2018

Tout public – Thermes et spa En cette période, le froid palpable et les températures qui nous frisent nous…
Plonger dans les thermes de Badenweiler…

Prendre le temps de discuter, avec soi-même et avec l’autre, nécessite tout un art dont l’écoute et le silence sont…
BAVARDAGES

Que se cache-t-il sous l’acronyme ESS ? Une économie sociale et solidaire pour acheter et consommer responsable, en favorisant les…
L’hiver social et solidaire

Après les plantes (cf. Bibouille n. 101), pourquoi pas l’astronomie ? C’est que les mois de mars et avril et…
Planètes alignées

On ne les voit pas, elles suscitent peu d’intérêt et pourtant, les racines des végétaux jouent un rôle fondamental :…
T’AS VU MES RACINES ?

« Je ne sais pas qui a fait croire que les miracles éclataient comme la foudre ? C’est pourquoi nous…
ÉPIPHANIES DU BANAL

Comme vous l’avez compris avec l’édito, dans ce numéro, c’est le thème de l’hospitalité qui excite notre curiosité. On n’a…
BIENVENUE !

On l’a dit dans l’édito de ce numéro, la désobéissance est intrinsèque au comportement humain. Chez Bibouille, on la salue…
DÉSIRER DÉSOBÉIR

Le rendez-vous de Noël de l’ESS (économie sociale et so- lidaire) revient place Grimmeissen ! Covid oblige, l’année dernière le…