ÉCLATS D’HIVER

Publié le 28/10/2019 | Grand angle

Obstinément, la terre tourne autour du soleil et l’hiver touche terre. La nature se cache, protège les germes. La saison blanche et froide marque pourtant, avec son solstice, le retour de l’astre solaire et de sa lumière. Bibouille vous invite à penser les fêtes comme des moments liés à la situation de notre planète dans le système solaire, et vous propose le récit flamboyant de l’hiver. 

Célébrations

Dans presque toutes les cultures et religions, le solstice d’hiver marque l’ouverture d’une période de festivités plus ou moins longue.

On comprend mieux lorsqu’on sait que nos ancêtres vivaient selon le rythme des saisons et la durée du cycle du jour. Ils y attachaient ainsi de fortes symboliques. Le solstice d’hiver était pour eux la fête de la renaissance et de la lumière. En effet, l’arrivée du solstice indiquait la naissance d’un nouveau cycle solaire, des jours plus longs et l’arrivée des beaux jours. 

  • Les peuples celtes, germaniques et nordiques baptisèrent le solstice d’hiver « Yule », le jour le plus court de l’année. Le nom « Yule » vient de l’anglo-saxon Yula qui signifie la roue. Les celtes voyaient le temps comme un cercle sans fin et non comme quelque chose de linéaire. 
  • Au IVème siècle, dans la Rome antique, les Saturnales duraient sept jours entiers, du 17 au 24 décembre, c’est-à-dire autour du solstice d’hiver. Cette grande fête d’origine agricole était en l’honneur de Sol Invictus (en français, « le Soleil invaincu »).
  • Les Perses fêtaient Yalda, et l’actuel Iran poursuit la tradition. Durant Shab-e Yalda, on rend hommage à Mithra, la divinité zoroastrienne du feu et du soleil. Yalda fait partie des fêtes pré-islamiques qui ont survécu jusqu’à nous. « Le vrai matin ne vient pas tant que la nuit ne s’en va pas. »

Traditions

Toutes les traditions sont d’accord sur une chose : le solstice d’hiver est un jour très spécial. À partir du lendemain, on gagne chaque jour un peu plus de lumière, jusqu’au solstice d’été. Il s’agit fondamentalement d’une fête de la lumière, d’un moment où, au milieu de l’obscurité, le renouveau s’annonce déjà. On parle donc de célébrations particulièrement joyeuses et éclairées.Dans les temps les plus reculés, les adorateurs du soleil allumaient de gigantesques brasiers pour assurer la renaissance du soleil. Un monde d’obscurité où rien ne pousserait était la plus grande crainte des Hommes. Plus tard, on a adjoint à cette tradition la naissance de différents dieux et, avec le temps, les brasiers extérieurs ont fait place à la coutume d’allumer une bûche de chêne dans l’âtre.

Yule

  • Les bougies 

Les quelques nuits qui précèdent le solstice d’hiver sont les plus longues de l’année. Il est coutume alors d’allumer des bougies pour honorer la lumière, à l’intérieur et dans le ciel. Les habitants du Nord laissent des torches enflammées dehors. 

  • La bûche en bois

Une grande bûche doit brûler toute la nuit, lors de la veillée. Le bois est choisi avec beaucoup de soin, il est souvent décoré et gravé de dessins. La tradition veut qu’on utilise un morceau de bûche de l’année précédente pour allumer celle de la nouvelle année. A la fin de la veillée, les cendres sont récoltées pour être dispersées autour des maisons en guise de protection pour la nouvelle année. Brûler la bûche, c’est libérer la lumière du soleil. 

  • Ca sent le sapin

Les sapins sont des arbres qui traversent toutes les saisons, ils représentent pour nos ancêtres l’éternité de la vie. La tradition d’ornement sur les arbres d’hiver a débuté avec la célébration du solstice. On place sur les arbres des décorations colorées et des symboles d’astres (lune, soleil, étoiles). Les ornements servent aussi à faire des offrandes aux diverses divinités. 

  • Roue et couronne

Les païens voyaient la vie comme quelque chose de circulaire, un éternel recommencement avec les 4 saisons. Les couronnes de gui et de houx sont le symbole de la roue de l’année avec ses cycles et ses saisons. En outre, le gui est une plante qui résiste au froid, elle était fort utilisée par les croyants et les druides.

Yalda

  • Les fruits au coeur rouge

Grenades et pastèques, précieusement conservées depuis l’été, fleurissent de mains en mains et chatouillent les papilles pour rendre hommage à Mithra, la divinité du soleil. Ces fruits symbolisent la vie, la renaissance et la fécondité. Les fruits secs sont aussi de vigueur. 

  • Poésie perse

Un des autres traditions de la soirée de Yalda, est la récitation de la poésie classique (Les Gazals) de Hafez, poète iranien du 14e siècle. Chaque membre de la famille fait un vœu puis ouvre le livre au hasard et demande au membre de la famille le plus âgé de lire le poème à haute voix avant de discuter ensemble de ce qui est exprimé dedans.

  • Des histoires à raconter

Les gens se couchent très tard pour se raconter, après minuit, histoires et anecdotes à tour de rôle. 

  • Un amour de panier

Les jeunes hommes fiancés peuvent envoyer un panier contenant 7 sortes de fruits et légumes à ses futurs beaux-parents. 

Les Saturnales

  • Le houx

Appelé également « bois sacré », le houx possède des feuilles brillantes ornées de petits grelots rouges vifs. Cette plante symbolise l’espoir d’une vie immortelle lors des doux jours de l’hiver. Les Romains décorent leurs foyers et leurs temples avec du houx lors des Saturnales et s’envoient mutuellement plusieurs branches de ce bois sacré afin de souhaiter les meilleurs vœux à leurs proches.

  • Se mettre au vert

Sept jours d’ivresse, de festins, où tout le monde s’offre des cadeaux, sans distinctions sociales, et décore sa maison avec des végétaux qui restent verts toute l’année tels le pin, le chêne vert, etc.

  • Egalité pour tous

Ces fêtes, plus sages que ce que l’usage du mot laisse entendre, sont marquées par de grands banquets domestiques où les esclaves, profitant des « libertés de décembre » comme l’écrivait le poète Horace, mangent à la table de leur maître. C’est une période de trêve marquée par un temps d’arrêt dans les affaires tant publiques que privées où doivent cesser tout procès et même toute dispute individuelle.

Stonehenge

Tous les ans, le 21 décembre, des milliers de personnes – du druide néo-païen à la bande d’étudiants fêtards – se réunissent sur le site archéologique de Stonehenge, dans le sud-ouest de l’Angleterre, pour célébrer le solstice d’hiver. C’est l’un des rares moments où le public peut accéder à l’intérieur de ce mystérieux cercle de pierre, édifié entre – 2800 et – 1100. Si la fonction initiale du lieu (temple ? observatoire astronomique ?) s’est perdue, on sait que cette période de l’année marquait prières et ripailles chez les habitants de la Grande-Bretagne de l’âge de bronze.


L’hiver dans les livres

Petite sélection de livres drôles ou poétiques, autour de la saison.

 

La Moufle, Bernard Villiot et Antoine Guilloppé

Dès 5 ans – Album

Elan Vert Editions 

13e50

Une moufle traînait dans une clairière par une nuit d’hiver. Un rat transi de froid passa par là. Ni une ni deux, il en fait son nid. Mais bientôt un crapaud se glissa lui aussi dans l’abri, puis un hibou, un lapin, un renard, un sanglier et même un ours. La moufle allait-elle résister ? On reconnaît les illustrations d’Antoine Guilloppé, simples comme des papiers découpés en ombres chinoises, qui viennent illustrer le texte en rime, issu d’un conte russe. 

 

Le pingouin qui n’était pas sûr d’être un pingouin, Keith Faulkner et Jonathan Lambert

Dès 3 ans – Album

Editions Casterman

12e25

Sur la banquise, un petit pingouin se demande s’il est bien un pingouin. Après vérification auprès de l’ours polaire, du morse, de l’orque et de sa maman, il semblerait qu’il est bel et bien un pingouin. Seulement le petit pingouin reste perplexe. Dans la même série que La grenouille à grande bouche, ce livre pop up émerveille et amuse les tout-petits. 

 

Les trois petites fées et le bébé soleil, Adeline Ferrier

Dès 3 ans – Album

7e12

Ce conte célèbre le solstice d’hiver et la renaissance du soleil. Il est adapté du texte d’un auteur inconnu, intitulé Les fées de Yule. Trois petites fées vivent dans le creux d’un gros chêne. Elles vivent leur premier hiver et sont très inquiètes de voir le soleil diminuer comme s’il allait disparaître. Le vieux chêne qui les abrite les rassure. Bientôt aura lieu le solstice d’hiver, qui leur réserve une belle surprise. 

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