AGENT DOUBLE

La fin de l’année approche, c’est l’heure de la féerie de Noël : lumières, décorations et musiques sont là pour nous enchanter. Mais la féerie est-elle initialement jolie ? Si les chercheurs en histoire, folklore et mythologies sont relativement unanimes sur l’origine des fées dans la culture occidentale, la féerie, elle, prend plusieurs visages.

Des fées associées à la mort chez les anglo-saxons aux dames des forêts, protectrices des chevaliers, magiciennes au Moyen-Âge, en passant par les fées bienveillantes de Walt Disney et la féerie du ballet de Casse-Noisette, on peut se demander ce que ces créatures magiques racontent de notre éternel besoin de rester lié aux forces de l’imaginaire et de la nature.

Quand J.M. Barrie, l’auteur de Peter Pan, attribue la naissance des fées au premier éclat de rire du premier bébé au monde, de son côté Charles Altamont Doyle, le père du célèbre Sir Arthur Conan Doyle, les dessine et sombre peu à peu dans la folie. Les multiples visages de la féerie témoignent d’un monde étonnamment riche qui traverse les époques et les âges, aux frontières si perméables que les mortels les franchissent parfois sans y prendre garde.

On ne croit plus aux fées mais elles font partie du paysage : la plus grosse lune d’Uranus porte le nom de Titania, reine des fées chez Shakespeare, une balade en forêt nous dévoile des cercles des fées (en réalité un phénomène mycologique), le Val sans Retour de la forêt de Brocéliande serait le domaine de la fée Morgane tandis que le lac du château de Comper abriterait la fée Viviane. Enfin, en Irlande, les ruines d’habitations de forme circulaire portent le nom de forts de fées et on raconte encore que les léprechauns savent y trouver de l’or.

Il est peut-être important de cultiver en nous la dualité : entre les choses que nous trouvons belles et celles que nous trouvons effrayantes, il existe sans doute un infini de possibilités passionnantes.

Qui sait, c’est peut-être à cet endroit-là, en équilibre comme des funambules, que nous pourrons alors, comme des enfants, apercevoir une petite fée.

Illustration de Jean-Baptiste Monge.

Un grand merci à lui !

www.jbmonge.com

Lucie Olivier