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ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE

Publié le 12/05/2022 | Non classé

Je suis allongée dans l’herbe. Une fourmi trace sa route sur mon bras nu, indifférente au changement de terrain. Le vent fait bouger les feuilles du poirier et mes cils jouent avec les rayons du soleil. Il y a toujours une sensualité cachée dans cet instant.

Je suis dans le champ de mon enfance. On y entre en piétinant les ronces et la forêt dessine son périmètre. On cueille des mûres, mais pas celles qui sont basses car les chiens pissent dessus. On y joue à attraper les sauterelles.

Je suis accroupie au bord de la rivière, je regarde l’eau et ses méandres, les jeux de lumière et les branchages remués par le courant. Comme toujours, un grand calme m’envahit. C’est l’effet de ce courant imperturbable qui circule au milieu des secrets de la forêt. Les arbres sont autant d’immenses gardiens silencieux qui plongent leurs racines ou délassent leurs longues branches le long de la rivière. La mousse verte respire comme un poumon ; frémissante, elle rend le bruit de l’eau sur la pierre d’autant plus argentin. Le soleil joue avec les détours et anfractuosités et, à travers les branches, il caresse mes lèvres et mes paupières. Mon fils me rejoint bientôt et s’accroupit à son tour. Je lui demande quelles couleurs il voit dans la rivière. Il prend son temps pour me répondre : gris, vert, marron, noir, bleu, jaune, blanc. Je suis heureuse car je n’en décomptais pas tant, et je me dis qu’en sa compagnie je peux apprendre à voir.

Lucie Olivier

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