Le billet de Valérie Dietrich : AVANT….
Publié le 02/09/2022 | Billet d'humeur
Avant les attentats de Charlie Hebdo, il y a déjà sept ans, je n’avais jamais remis en question la liberté d’expression dont nous jouissons (jouissions ?).Je suis née au début des années soixante-dix et j’ai grandi en regardant Champs Élysée, Dallas, Strasky & Hutch, Candy et Goldorak, mais aussi Droit de réponse.
Je me souviens de ce plateau de télévision enfumé. De Cavana, du professeur Choron. De Bedos. De Gainsbourg et de Renaud. Je me souviens des débats, des invectives, des provocations, des insultes et des coups de gueule, parfois des coups de poing.
Je me souviens de mes parents en train de rire devant Coluche et Desproges. Je me souviens des films avec Dewære, Piccoli ou Noiret. J’étais troublée par Dutronc que je trouvais beau et provocateur.
Je me souviens avoir vibré devant Les enfants du rock. Tous ces artistes libres, parfois engagés. C’était tellement inspirant. Pour moi la liberté d’expression de se définissait pas, elle était. Comme une évidence. Avant la crise sanitaire, il y a deux ans, je n’avais jamais remis en question ma liberté de mouvement. Sortir de chez soi quand on le désire. Prendre son vélo, sa voiture, un train, un avion. Faire cinq cents kilomètres pour voir un concert le soir-même. Traverser la France pour retrouver ses amis au Festival de la BD d’Angoulême. Suivre des groupes en tournée. Se donner rendez-vous à Bruxelles, partir à Amsterdam pour se changer les idées. Se réveiller au beau milieu de la nuit et décider de partir sur le champ, en van, se ressourcer dans le Jura au bord d’un lac. Jamais, mais vraiment jamais je n’aurais imaginé qu’un jour mon droit de sortie se limiterait à une heure quotidienne dans un périmètre donné.
Avant cet été, je n’aurais jamais imaginé qu’en France on puisse manquer d’eau potable. Que dans certaines communes l’eau qui arrive au robinet ne soit pas directement consommable. Qu’il faille la bouillir avant de la boire. Tout comme pour les attentats ou la crise sanitaire j’ai alors pris la mesure de la chance que nous avons (avions ?) de vivre dans cette partie du monde où l’accès à l’eau n’était jusque-là pas un problème. J’ai compris que cette eau n’était pas une évidence, encore moins un dû, et que là encore, plus que jamais, il est nécessaire de faire rimer conscience avec vigilance.
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