Bibouille

Coquillages et crustacés

Publié le 03/07/2023 | Billet d'humeur

L’été pointe le bout de son nez et pour la première fois j’ai programmé à l’avance cinq jours pour changer d’air avec ma fille. Cinq jours à Paris parce qu’elle aime cette ville, et en aout parce que je préfère le calme.
Pas de quoi en faire un fromage me direz-vous. Et pourtant si.

Depuis que je suis en âge de programmer des vacances, je ne l’ai presque jamais fait. Étudiante, je bossais les trois mois d’été et le reste de l’année il m’arrivait de sillonner la France et un bout d’Europe avec ma Jetta diesel financée par mes grands-parents. Cette voiture consommait très peu de carburant, et à l’époque le gasoil n’était vraiment pas cher. Je partais régulièrement sur un coup de tête. Parfois j’allais chez des copains à Paris, Angoulême, Grenoble, Marseille. Parfois je dormais dans ma voiture et me lavais dans les sanitaires des aires d’autoroute. Bruxelles, Luxembourg, Amsterdam.

Lorsque je me suis mise à travailler, j’étais quasiment tout de suite à mon compte.
Sans trésorerie, souvent précaire, à me dire que les jours où je ne bossais pas je ne gagnais pas d’argent. Je suis donc restée sur mon principe de petites virées.
La Jetta en moins, remplacée par une vielle 405 break rouge dans laquelle je pouvais aussi dormir.

J’ai bien sûr eu des amoureux sur cette période, mais rares étaient ceux qui partageaient ma vision des vacances. Trop d’anticipation. Trop de « confort » et je ne me sentais pas en break. C’était comme vivre sa vie de tous les jours mais ailleurs.

Puis ma fille est née. Après quelques mois son père et moi nous nous sommes séparés. Elle avait le mal des transports et chaque petit trajet était compliqué.
Quand elle a eu quatre ou cinq ans j’ai fait une crise d’angoisse en voiture. Puis une autre, et encore une autre et j’ai arrêté de conduire. Je me suis sentie prisonnière et je l’étais. Depuis mes vingt ans mon organisation reposait sur la voiture. Et puis j’étais maman solo, freelance. Peu de moyens, pour ne pas dire aucun budget vacances. Il n’y avait donc rien à anticiper.

En grandissant ma fille voyait ses copains partir en vacances sans comprendre pourquoi elle n’y avait pas droit. Alors mon frère nous a amené à Paris chez une cousine ; chez nos parents à Vence. Une copine nous a embarqué en Croatie. Une autre dans un camping en Bretagne.

Et puis l’année dernière nous nous sommes décidées à la dernière minute parce qu’elle trouvait injuste de ne rien faire du tout. D’abord à Cologne, chez un cousin, puis à Paris en train et auberge de jeunesse. Ma fille a tellement aimé Paris que cette année j’ai décidé d’anticiper. Billets de trains pas chers achetés en mars, même chose pour le logement. Et pour une fois, nous sommes en juin, et un petit bout de l’été est déjà programmé.

Partager cet article  

Mais encore

Le billet de Valérie Dietrich : HOMMAGE À LA LENTEUR

– Dépêche-toi de finir ton petit déjeuner, ton goûter, ton dîner. – Dépêche-toi de faire tes devoirs, de ranger ta…

Le billet de Valérie Dietrich : HOMMAGE À LA LENTEUR

10/05/2023 | Billet d'humeur
Une partition mouvementée

Après avoir essayé de vous convaincre de mettre vos enfants au repos, le professeur s’intéresse de plus près au mot…

Une partition mouvementée

22/09/2014 | Billet d'humeur
ELLE ET MOI

Il y a des jours où je me sens démunie, perdue, abattue. Des jours où je me demande pourquoi cette…

ELLE ET MOI

10/01/2023 | Billet d'humeur
Épilogue ?

Le 8 mars dernier, ma fille a repris les cours le cœur lourd. Retour au collège après une trêve de…

Épilogue ?

17/06/2021 | Billet d'humeur
Tous ces « faut-il ? »

En matière d’éducation, il est toujours dangereux d’écouter la parole d’un professeur, aussi Ouille fut-il. Car élever des enfants revient…

Tous ces « faut-il ? »

21/11/2014 | Billet d'humeur
Le billet de Valérie Dietrich : PARFOIS

Dans son Grand Angle, Lucie, notre rédactrice en chef, nous parle des « mauvaises » herbes. De leur vivacité, leur…

Le billet de Valérie Dietrich : PARFOIS

16/03/2022 | Billet d'humeur
Le billet de la fille de Valérie Dietrich

Salut, Je suis la fille de Valérie qui écrit habituellement ce billet d’humeur. D’ailleurs quand ma mère me lit les…

Le billet de la fille de Valérie Dietrich

26/02/2021 | Billet d'humeur
LA BOUCLE EST BOUCLÉE

Je me souviens avoir commencé à écrire ce billet quelques petits mois avant de tomber enceinte. J’ai évoqué la découverte…

LA BOUCLE EST BOUCLÉE

23/02/2023 | Billet d'humeur
L’urgence de ne rien faire

Les vacances s’accompagnent de l’entrée dans un espace-temps bien particulier, propice au « rien faire ». Le professeur s’intéresse –…

L’urgence de ne rien faire

05/08/2014 | Billet d'humeur
Tant va la cruche à l’eau…

Je sais rarement à l’avance ce que je vais raconter. De quoi va parler mon prochain billet. Ce n’est qu’au…

Tant va la cruche à l’eau…

11/01/2018 | Billet d'humeur
Le billet de de le fifille de Valérie Dietrich : NOËL À MA FAÇON

Pour moi, Noël ça représente plein de choses… C’est là que vous allez me dire : les cadeaux, le sapin…

Le billet de de le fifille de Valérie Dietrich : NOËL À MA FAÇON

14/11/2022 | Billet d'humeur
DIS, ON JOUE ?

Jouer est une véritable passion pour moi. Non pas jouer à un jeu de société, de cartes, de plateau ou…

DIS, ON JOUE ?

07/09/2023 | Billet d'humeur
Infantilités croisées

Sites Internet, médecins, télévisions, affichages urbains, supérieurs hiérarchiques… Ce coup-ci, le Professeur avoue qu’il n’en peut plus de voir et…

Infantilités croisées

11/03/2015 | Billet d'humeur
Questions de fille(s)

L’édito de Valérie Dietrich Paru dans Bibouille #68   Depuis ma sortie de cette période de l’enfance où je me…

Questions de fille(s)

19/05/2015 | Billet d'humeur
Le billet de Valérie Dietrich : D’AVENTURES EN AVENTURES

Je viens de rentrer de la fête de la musique. J’y ai fait un tour, avec ma fille. Histoire de…

Le billet de Valérie Dietrich : D’AVENTURES EN AVENTURES

28/06/2022 | Billet d'humeur
Le billet de Valérie Dietrich : « Ce n’est que le début »

« Ce n’est que le début » Apparemment « ce n’est que le début » et pourtant je me sens déjà démunie. L’adolescence me dit-on,…

Le billet de Valérie Dietrich : « Ce n’est que le début »

05/03/2020 | Billet d'humeur
La nostalgie tarifiée

Depuis pas mal de temps, le Professeur Ouille se demande ce qui pousse notre société à survaloriser un passé abusivement…

La nostalgie tarifiée

30/12/2014 | Billet d'humeur
LE BILLET DE VALÉRIE DIETRICH

LE MONDE DE DEMAIN Dans son édito Lucie évoque la part de déraison nécessaire au maintien d’un journal papier dans…

LE BILLET DE VALÉRIE DIETRICH

05/11/2021 | Billet d'humeur